Parmi les différentes ressources publiées pour calmer la psychose des citoyens à propos de la pseudo-fin du monde en 2012, des scientifiques de la NASA semblent1 avoir récemment publié une liste des films de science-fiction qu’ils qualifient de « stupides » et « irréalistes », le film 2012 en tête.
S’il est sans doute vrai que ce film doit avoir sur la plèbe un effet de prédicateur d’apocalypse (les gens sont capables de gober n’importe quoi, surtout lorsqu’on leur parle de la fin du monde), et s’il est vrai que la NASA doit avoir du boulot en ce moment pour tenter d’expliquer avec de vrais arguments scientifiques pourquoi la terre ne va pas nous exploser à la figure en 2012, je ne vois pas l’intérêt d’afficher tant de haine envers de simples œuvres cinématographiques.
Ils auraient pu se contenter de rappeler – très justement – au public que le cinéma, c’est juste des histoires, de l’invention, de l’imaginaire, sans jouer les gros trolls poilus. Mon reproche principal, c’est que ces « experts » catégorisent ouvertement les films qu’ils « approuvent » et « désapprouvent » : en gros, ils retireraient presque à ces films le droit d’exister sous prétexte qu’ils ne sont pas assez proches de la réalité, ce qui, on s’entend, n’a jamais été un critère obligatoire.
Des films taggés science-fiction ne sont certainement pas forcés de respecter à la lettre la définition du genre (ce n’est pas pour rien que de nombreux films sont classés dans plusieurs genres). Sans compter que la science-fiction n’a pas pour définition d’être scientifique, mais d’extrapoler « en partant des connaissances actuelles (scientifiques, technologiques, ethnologiques, etc.) »2. Les films que la NASA juge « crédibles » seraient d’ailleurs plus facilement classés dans le genre anticipation (Gattaca, Blade Runner, voyons donc). Et Volcano, de l’autre côté, est un film catastrophe et pas un film de science-fiction.
Honnêtement, je fais partie de ceux qui aiment la cohérence scientifique dans la science-fiction, et même dans le fantastique ou dans les autres genres. Mais qu’on ne vienne pas me rétorquer que c’est un critère de qualité essentiel, sachant le nombre de films considérés comme cultes qui sont très loin d’être rigoureux en la matière (The Fifth Element, Star Wars…).
Après, les experts de la NASA peuvent bien porter le jugement qu’ils veulent sur ces films, s’ils n’ont que ça à faire. Mais je trouve dommage de qualifier une réalisation de « stupide » sur le seul et unique critère de la véracité scientifique, surtout quand ledit film n’a jamais revendiqué le statut de documentaire ou d’anticipation crédible. C’est juste un film, quoi.
En publiant un avis aussi catégorique et dans un domaine qui ne semble pas la concerner de près ou de loin (les experts là-bas sont sensés s’occuper de vraies sciences, pas de culture, non ?), la NASA se paie juste le plaisir de remuer un peu la toile avec un énième débat.
Et vu que je n’ai pas résisté à l’envie de répondre avec un article, il faut croire qu’ils ont bien réussi leur coup…